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Le Blog de Rogério G. / Afrique Souveraine

31 janvier 2007

GUINÉE CONAKRY - Début de la fin d’un régime incohérent et corrompu ?

GUINÉE CONAKRY

Début de la fin d’un régime incohérent et corrompu ? 

La ville de Conakry a été le lundi, 22 janvier, le théâtre de violents affrontements entre forces de la police et manifestants. Bilan des massacres en une seule journée: une cinquantaine de morts, des centaines de blessés par balles et plusieurs arrestations dans les rangs des acteurs de la société civile. La machine de répression n’a pas seulement été actionnée dans la capitale, Conakry, mais également dans d’autres villes de la Guinée. L’objectif du régime en place, connu pour ses incohérences et son incapacité à gérer les richesses humaines et minières de la Guinée, est d’intimider les populations et de s’accrocher au pouvoir. Selon les dernières récentes informations parvenues jeudi à notre rédaction, le président guinéen, Lansana Conté, aurait maintenant accepté le principe de la nomination d'un Premier ministre de consensus, une des revendications des syndicats qui sont à l’origine de la  grève générale, déclenchée le 10 janvier dernier, à travers ce pays d’Afrique de l’Ouest, premier producteur mondial de bauxite. S’achemine-t-on, petit à petit, vers la fin de ce mouvement social sans que ses animateurs aient réussi à provoquer la fin du régime actuel? C’est possible, mais pas souhaitable, si Lansana Conté se maintient au pouvoir.

Cela fait plusieurs mois déjà que le président guinéen Lansana Conté (72 ans) est devenu incapable de diriger son pays, la Guinée Conakry.  Sa santé est très défaillante: il est diabétique, perd souvent connaissance, et souffre encore d’autres maux.  Sous d’autres cieux, (ceux-là où la qualité de vie des populations et les droits de l’homme sont un facteur de taille aux yeux des dirigeants politiques), Lansana Conté serait depuis longtemps mis hors du pouvoir, et remplacé par un homme ou une femme capable d’assumer les fonctions présidentielles. Mais en Guinée Conakry, comme d’ailleurs dans un certain nombre de pays africains, le pouvoir est souvent séquestré par le président et son entourage. Et le peuple ne représente rien du tout. Insulte permanente.

La faim, la violence, les maladies et le chômage sont le lot quotidien

La Guinée souffre de sérieux problèmes de gouvernance. Les conditions de vie des populations ne cessent de se dégrader au fil des mois. L’activité économique n’arrive pas à décoller, malgré les milliards de dollars investis par des bailleurs de fonds internationaux dans les réserves de fer et de bauxite. « La capitale ressemble à un vaste dédale de cabanes, de bâtiments en décrépitude et de chemins défoncés, bordé d’arbres. L’électricité fonctionne rarement, même dans les bâtiments publics. La faim, la violence, les maladies et le chômage sont le lot quotidien des Guinéens les plus démunis », selon l’agence de presse Irinnews. Et une Guinéenne, Mariam Sow, basée à Glasgow (en Écosse), de commenter: « en Guinée, tout un quartier peut manquer de l’électricité, mais pas les nombreuses concubines du président… Elles ont des générateurs privés… ».

Aussi de nombreux acteurs sociaux, notamment les représentants syndicaux ont-ils lancé dernièrement un mouvement de grève, massivement suivi ( et le troisième dans une période d’environ une année), dans le dessein de demander à Lansana Conté, au pouvoir depuis 23 ans, de s’en aller.  Et de nommer, entre autres, un nouveau Premier ministre à qui il remettrait les pleins pouvoirs.
Lancé depuis le 10 janvier dernier, ce mouvement social paralyse plusieurs secteurs de la vie économique, l’extraction et l’arrêt des chargements de bauxite notamment. Ses initiateurs, l'intersyndicale Confédération nationale des travailleurs de Guinée et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée, sont d’avis que Conté est devenu trop incohérent en raison de sa santé déclinante. De plus, ils lui reprochent ses multiples ingérences dans les affaires judiciaires ainsi que de nombreux détournements de fonds publics opérés par ses protégés.

Selon les habitants de Conakry, un pamphlet circulant en cachette indique que « le peuple n'acceptera ni des négociations ni un compromis avec Conté, ni une révolution de palais par les généraux …».  Les auteurs de ce même texte soulignent aussi que:  « Le peuple guinéen souhaite seulement une victoire totale: la fin du régime et un gouvernement provisoire d'unité nationale…"
Quelques observateurs nationaux et internationaux n’excluent plus cette fois-ci que ce mouvement social puisse déboucher sur un changement de pouvoir dans un avenir immédiat, surtout dans le cas où il y aurait également un effroyable bain de sang dans d’autres villes de l’intérieur, notamment Mamou, Fria, Kankan, Guekedou, N'Zerekore, Pita, Labe et Kindia

La capitale ressemble à un vaste dédale de cabanes…

Il y a eu le mercredi dernier une rencontre dernier entre le pouvoir et les syndicalistes en vue de trouver une issue pacifique à la crise. Mais malheureusement, les deux parties n’ont pas réussi à dépasser leurs différences. Enivré par le vin du pouvoir, le président Conté aurait menacé de faire tuer les syndicalistes s’ils ne mettaient pas fin à la grève, a déclaré Rabiatou Serah Diallo, secrétaire générale de la Confédération nationale des travailleurs guinéens (CNTG).

Depuis le début de la grève, les affrontements entre policiers à la solde du pouvoir et manifestants ont déjà fait environ 60 morts, des centaines de blessés, ainsi que de nombreuses arrestations des leaders syndicaux.
Ce jeudi, aucune violence n'a été signalée à Conakry et le dispositif sécuritaire était fortement allégé. Est-ce la fin de l’usage excessif de la force ? Il faut l’espérer. Mais si la machine de répression faisait encore des victimes parmi les manifestants, qui pourrait la stopper ? « Il y a d’abord l’armée guinéenne », disent les observateurs de la vie politique guinéenne. Elle jouera sans aucun doute un rôle capital dans le contexte actuel marqué par la répression excessive du régime vis à vis  des populations, par des rivalités ethniques et aussi par la fin probable du règne de Conté.

La plupart des officiers supérieurs de la génération de Conté se sont jusqu'à présent montrés fidèles à leur compagnon. Mais vont-ils continuer à afficher ce même comportement ou prendront-ils le pouvoir maintenant que le nombre de morts et de blessés va augmentant au fil des jours ? Le monde le saura dans les prochains jours. Il n’est pas souhaitable cependant que Conté, arrivé au pouvoir à la faveur d’un coup d’Etat en 1984, puisse continuer à diriger ce pays.
Au sein de la population, il y a des gens qui aimeraient voir les compagnons militaires du
septuagénaire diabétique à la santé déclinante afficher de la bravoure, et se démarquer de Conté. « Une manière non seulement d’assurer leur survie, et aussi d’éviter l’avènement d’une ère d’instabilité majeure en Guinée Conakry et ailleurs dans les pays voisins », ajoutent les observateurs. 

A part les généraux, il y a aussi la communauté internationale qui peut dissuader Conté de faire usage des méthodes brutales. Elle pourrait, contribuer à la création des conditions d’un dénouement durable de la crise dans l’intérêt supérieur de la Guinée, à travers l’ONU, l’Union Africaine, l’Union Européenne, etc.
Elle doit, pour cela, faire preuve de fermeté à l’adresse de ceux qui ont commandité la destruction des vies humaines. Demander l’ouverture, sans délai, d’une enquête indépendante pour situer les responsabilités et sanctionner les forces de répression. Et exiger la libération immédiate et sans conditions de tous les responsables politiques et syndicaux, emmurés récemment.
La crise qui affecte ce pays ne peut être réglée durablement par le maintien en place de Conté et de ses réseaux. Par conséquent, l’Union Africaine (UA), en particulier, doit envoyer des signaux forts allant dans le sens de signifier à l’actuel président, qu’il est temps que ce dernier se retire du pouvoir, et qu’un gouvernement de transition et de concorde soit mis en place.

Par Rogério Goma
Rgomapress@Btinternet.com

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